L'Absolue perfection du crime reprend l'un des poncifs les plus usés du cinéma de genre, l'histoire d'un hold-up raté - le casse manqué d'un casino - qui renvoie, de Verneuil à Melville pour ne parler que des Français, à un nombre incalculable de séries B et à quelques chefs-d'œuvre. Ceux qui, à l'instar du roman de Tanguy Viel, réussissent à s'approprier la mythologie et à se jouer des codes narratifs. Viel ne s'en prive pas et n'évite aucune des scènes les plus attendues : les retrouvailles àla sortie de prison, la préparation minutieuse du plan, le casse du casino avec évasion du magot par la voie des airs au moyen d'une montgolfière téléguidée, le partage du butin, l'arrestation, les trahisons, la vengeance... Jamais pourtant le romanne se défait de son absolue singularité. Parce que l'écrivain réussit, à travers le cheminement de ses antihéros, de petits mafieux piégés par leurs rêves, des hommes fatigués qui font semblant d'y croire, à imprimer son propre univers, déjà sensible,on l'a vu, dans son premier roman. Mais surtout parce que L'Absolue perfection du crime est une fois encore, une éblouissante réussite formelle. Construit au cordeau, en trois actes impeccables menés tambour battant, ce roman impressionne d'abord par sa virtuosité et son inventivité narratives.