Relier la mer Rouge à la Méditerranée en perçant l’isthme de Suez est une idée qui hante les esprits depuis l’Antiquité. Ce projet, des hommes du XIXe siècle vont le concrétiser, en creusant un canal maritime aux confins du Sinaï. Si le récit épique des exploits de Ferdinand de Lesseps a été maintes fois relaté, l’histoire de cette entreprise restait mal connue. À distance de la légende mettant en scène un héros solitaire au pouvoir démiurgique, ce livre retrace l’histoire de ce qui fut l’un des plus grands chantiers de travaux publics du XIXe siècle. En se fondant sur les archives de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, il restitue les combats et les épreuves d’une multitude d’hommes réunis durant plus de dix ans dans un but commun : ouvrir à la navigation un passage entre deux mers. Pour y parvenir, ce sont des millions de mètres cubes de terre qu’il s’agissait d’extraire mais aussi un port sur une côte inhospitalière de la Méditerranée qu’il fallait construire. Au préalable, il fut nécessaire d’amener de l’eau douce dans ce désert de sable égyptien, d’installer des campements et d’édifier des villes, d’acheminer des vivres et du matériel, de recruter un personnel technique compétent, de s’assurer le concours d’entrepreneurs expérimentés, mais aussi de tenir à l’écart une foule d’individus cupides que ce type d’entreprise ne manquait d’attirer. Les difficultés rencontrées par ces travaux d’une envergure exceptionnelle furent nombreuses. Le recrutement d’ouvriers fut l’une des questions les plus épineuses. Après des premières années marquées par des expériences malheureuses, des erreurs de jugement et des aléas de multiple nature, l’organisation du chantier fut revue en profondeur et des machines à vapeur prirent le relais des terrassiers égyptiens. C’est cette aventure à la fois humaine et technique, pleine de rebondissements et à l’issue longtemps incertaine, que relate cet ouvrage.