Nos écrans français diffusent de douloureuses et de troublantes images de la 'Côte d’Ivoire'. Douloureuses parce qu’elles montrent un peuple pris en tenaille entre les milices « patriotiques » du Président Gbagbo et les rebelles souhaitant à toute force renverser le régime ; douloureuses aussi parce qu’elles nous montrent des Français expatriés condamnés au retour. Troublantes images car le destin de cette ancienne colonie reste, pour le meilleur et le moins bon, lié à la France. Du coup, la Côte d’Ivoire, pays-phare de l’Afrique de l’Ouest, clé de voûte de la stabilité régionale mais aussi fille aînée de la Françafrique, est en train de tomber dans le ruisseau. Judith Rueff dresse dans ces pages le procès verbal d’une chute, l’autopsie d’une décadence. Avec vigueur et intelligence. En tirant le bilan de quarante années de règne d’’Houphouët-Boigny, du changement de la donne internationale, des gouvernements successifs et des atermoiements de la France, l’auteur redessine la cartographie des forces en présence, les linéaments qui structureront l’avenir du pays. Ce livre, à travers la peinture tour à tour haute en couleur et glauque de la Côte d’Ivoire établit, surtout, un double constat : celui d’un pays qui expérimente et anticipe les troubles de nombreux Etats africains ; celui d’une France aux liens décidément ambivalents avec l’Afrique. Avec les éclairages de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma, et de l’ancien Premier ministre centrafricain, Jean-Paul Ngoupandé.