L'histoire d'un nom: Comme les mythes, les Rothschild ont la vie dure, ils ne meurent jamais. On croyait leur banque moribonde après sa nationalisation par les socialistes en octobre 1981: cinq ans plus tard, le fils du baron Guy, David, faisait lesgros titres de la presse en épaulant Jimmy Goldsmith dans le rachat du deuxième groupe d'édition français, les Presses de la Cité. On affublait Philippe de Rothschild d'un surnom moqueur, l'Infortuné, pour avoir reçu en unique héritage l'appellationMouton-Rothschild: voilà qu'il invente un marketing vinicole révolutionnaire. Cette famille renaît toujours en dépit des mauvais coups du destin, des guerres, du génocide et des spoliations de Vichy. La Dynastie Rothschild, de l'Américain Herbert R.Lottman, un des meilleurs spécialistes de la France des années de guerre et d'après guerre, n'a rien d'une histoire romancée. L'auteur, le premier à avoir eu accès à des correspondances de famille et à des archives des services de Vichy, remet en perspective sur plus de deux siècles la toute- puissance attribuée aux Rothschild. Leur pouvoir? L'actuelle génération est parfaitement lucide quant à sa place dans la liste des géants financiers (une place mineure). Manifestement, si l'on compare la banque d'aujourd'hui à son ancêtre du XIXe siècle, elle a moins d'influence et moins d'actifs à faire jouer. Mais ce recul dû aux vicissitudes de l'histoire n'est pas un déclin par manque de vitalité: Dans son ensemble, en incluant le cousin Edmond ettoutes ses ramifications et grâce à l'alliance croissante de la banque avec N.M. Rothschild à Londres, la famille représente une force de plus en plus considérable. Multinationaux avant la lettre, les Rothschild se sont voulus d'abord des citoyens de leurs pays respectifs - quitte à essuyer bien des vexations: en 1852, Alphonse fut refusé deux fois avant d'être admis au Jockey Club de France.