Louis Althusser est devenu célèbre en publiant en 1965 Pour Marx et Lire Le Capital. Mais l'éclat de cette pensée fondatrice d'école ne doit pas faire oublier qu'elle ne fut qu'un moment d'un itinéraire philosophique. Pratiquement inconnus jusqu'alors, les écrits de jeunesse de Louis Althusser sont marqués par un double passage de Hegel à Marx et du catholicisme au communisme. Publiés ici dans leur quasi totalité, ils comprennent notamment des libelles aux titres évocateurs : L'internationale des bons sentiments et Sur l'obscénité conjugale, un mémoire universitaire passionnément hégélien et une longue lettre à Jean Lacroix qui éclairent bien des renversements ultérieurs. La seconde partie de ce volume met en évidence la complexité largement méconnue des textes écrits par Althusser au cours des années 1970, placés d'emblée sous le signe de la crise : crise personnelle, mais aussi crise de la théorie marxiste longuement analysée par le texte qui domine cette période : Marx dans ses limites. Dans ses derniers écrits, après 1980, Louis Althusser tente d'arracher à la nuit une réflexion sur ce qu'il appelle désormais "matérialisme de la rencontre", puis "matérialisme aléatoire". Il y est question de vide et de train qui ne mène nullepart. Ces textes ont été réunis et présentés par François Matheron.