Il est des étés qui marquent une année, parfois toute une vie. Un été définitivement planté dans la mémoire de Philippe Delerm, marqué par le souvenir indélébile et savoureux des bâtonnets à trente-cinq centimes, "quand les mots glaces à l'eau chantent le citron pur et s'en souviennent, quand il fait soif sur le désir d'été". Un été d'autant plus inoubliable qu'il est marqué par la disparition de la grand-mère, cette vieille dame qui l'embrassait "à l'étouffer", chaleureuse, attentive, rivée aupassé bienheureux du narrateur. Dés lors, si le bonheur a un futur, il est resté dans l'enfance insouciante : "L'avenir, c'est avant." Aux côtés de cette grand-mère perdue pour toujours, qui fait naître le texte. En attendant le deuil, ce sont les souvenirs qui resurgissent, viennent hanter le présent, à coup d'anecdotes parfumées, sensuelles, délicates. Un jardin d'été, une cuisine, une promenade entre deux ponts, tout le bonheur simple d'un petit matin, d'un timide rayon de soleil... Sous l'égide grand-maternelle, texte de l'enfance, Un été pour mémoire est un éloge du farniente, de la flânerie. Au bout de ces évocations, de visage en paysage de la Garonne, ce sont des rêves-souvenirs qui ont gardé le goût de l'été immobile, en un tempsqui "s'attarde grenadine, s'efface menthe à l'eau", repousse au plus loin le voyage à contre-enfance, celui de Paris, de l'âge adulte.