L'histoire du Brésil commence avec des troncs d'arbres roulés par les vagues, échoués sur les côtes d'occident. Du bois d'origine mystérieuse, dur, rouge, couleur de braise, qui donnera plus tard son nom, brazil, à cette terre inconnue que l'on confondra longtemps avec le paradis. Et si ce n'est pas le paradis, c'est peut-être le pays de cocagne, cette terre immense couverte de forêts, regorgeant de richesses, peuplée de terres accueillantes qui ignorent tout de l'hiver européen. Aujourd'hui, le Brésil exerce la même fascination sur le voyageur : l'arrivée à Rio de Janeiro, cette ville qui grimpe à l'assaut des falaises et de la forêt, est un véritable choc. Et si le voyageur débarque un jour de carnaval, lorsque toute la plage de Copacabana chavire au rythme de la samba, Rio sera pour toujours la plus belle ville du monde. Mais, si Rio, avec son exubérance, ses belles mulatas et ses célèbres plages, est le miroir du Brésil, il s'agit d'un miroir déformant : le vrai Brésil, qui s'étend sur des milliers de kilomètres de terre rouge et poudreuse, présente de multiples visages, traverse tous les climats et se livre à la moindre curiosité. Ici les contrastes sont plus forts qu'ailleurs : tout est grand, exagéré, qu'il s'agisse de la sécheresse et des inondations, de la forêt et des fleuves, de la pauvreté et de la richesse, de la joie et de la mélancolie. Le voyageur, au début, admire, s'étonne, s'exaspère parfois, mais plus tard, pour peu qu'il ait appris à connaître l'âme de cet immense pays, dissimulée derrière les rires éclatants, les danses et la confusion apparente des choses, il lui viendra au coeur une inexplicable nostalgie, ce mal étrange et imprévisible que l'on nomme saudade.