Le devoir de mémoire. On a sans doute raison de l'invoquer contre la tentation d'oublier les périodes déshonorantes de l'histoire individuelle ou collective. On aurait toutefois tort de le laisser se figer en une formule ou un slogan. Le philosophe Paul Ricoeur nous aide à interpréter cette injonction, à en redécouvrir le sens, la pertinence et les enjeux. Ses analyses sur la mémoire partent de ses racines : qu'est-ce que le souvenir ? Qu'est-ce qu'écrire l'histoire ? Comment situer l'oubli dans la condition historique de l'homme ? L'ouvrage trouve son horizon dans l'examen final de la question du pardon. Nos obligations vis-à-vis du passé ne sont en effet pas toutes de mémoire. Ne faut-il pas aussi savoir oublier ? L'oubli n'est-il pas légitime quand il aide à survivre à la faute commise ? Devoir d'oubli ? Mais de quel oubli est-il alors question ? Non pas celui de complaisance concédé à l'usure du temps, ni celui de l'amnistie qui crée l'amnésie. Seul celui qu'offre le pardon peut conduire à surmonter le travail du deuil et à retrouver, à défaut d'innocence, une certaine insouciance.