Cet ouvrage d'Etienne Gilson offre au lecteur la réunion des leçons données à l'Université de Louvain en 1952. Les cours qui sont ici reproduits prennent toute leur ampleur par cette série qu'ils forment, s'attachant progressivement à accorder une dimension toute historique et philosophique à un questionnement proprement théologique : la notion de Chrétienté et son rapport à celle d'Eglise. L'auteur ne se propose pas d'élucider le lien qui unit le temporel et le spirituel, mais bien plutôt d'éclairer la notion du peuple que forment les Chrétiens, entre leur dispersion terrestre et leur union spirituelle. Pour cette raison, il ne s'agit pas d'en référer aux Pères de l'Eglise qui orientent sur une voie théologique. Au contraire, il s'agit de préférer une interrogation "laïque", laquelle peut permettre de discriminer entre l'illusion et la réalité de l'idée de peuple chrétien, en ce qu'elle le place au cœur de cette problématique. En d'autres termes, Etienne Gilson s'efforce, au cours de ces leçons, de circonscrire chacune des fausses notions de Chrétienté, chacune des parodies de la Cité de Dieu, de sorte à esquisser, par ombres et contre-jours, ce que peut être une véritable et commune appartenance, de corps autant que d'esprit, à la Respublica fidelium.