Au XIXe siècle, le développement des villes portuaires fascine les artistes. Bassins, docks, hangars, grues transforment le paysage. C'est la naissance des grands ports industriels, où voiliers, vapeurs et transatlantiques se côtoient, où sur les quais se mêlent débardeurs, promeneurs, passagers et marchandises. Avec le célèbre Impression, soleil levant de Claude Monet, le port fait une entrée fracassante dans la peinture moderne. Mais c'est Camille Pissarro qui, peu après, va donner toute sa dimension au thème portuaire avec une importante série d'oeuvres peintes durant vingt ans à Rouen, à Dieppe et au Havre. Il y observe, depuis le même point de vue, des paysages aux atmosphères changeantes, travaille la lumière, tout en témoignant avec une rigueur presque photographique d'une modernité en pleine effervescence. Le musée du Havre fut le premier, en 1903, à acheter des tableaux à Pissarro. Aujourd'hui, il présente une quarantaine de ses oeuvres provenant de grandes collections nationales et étrangères. Des toiles d'Eugène Boudin et de Maxime Maufra complètent cet ensemble. Mais tandis que Pissarro achève sa série, de jeunes artistes qui ont pour nom Raoul Dufy, Othon Friesz, Albert Marquet marchent dans les pas de leurs aînés impressionnistes, et s'aventurent dans d'autres directions : la tentation de la couleur l'emporte, avant de trouver son accomplissement avec les premières oeuvres fauves peintes au Havre et sur la côte normande.