Temps et Récit explore, après La Métaphore vive, le phénomène central de l'innovation sémantique. Avec la métaphore, celle-ci consistait à produire une nouvelle pertinence de sens par le moyen d'une attribution impertinente. Avec le récit, l'innovation consiste dans l'invention d'une intrigue : des buts, des causes, des hasards, relevant à des titres divers du champ pratique, sont alors rassemblés dans l'unité temporelle d'une action totale et complète. La question philosophique posée par ce travail de composition narrative est celui des rapports entre le temps du récit et celui de la vie et de l'action affective. Plusieurs disciplines sont convoquées à la barre de ce grand débat entre temps et récit, principalement la phénoménologie du temps, l'historiographie, et la théorie littéraire du récit de fiction. Temps et Récit 3 démontre tout d'abord que la phénoménologie, en s'approfondissant, de saint Augustin à Heidegger, aboutit, en regard de la sociologie, à une incontournable Aporétique du temps. La seconde section montre comment à ces impasses de la pensée, la Poétique du récit répond en mobilisant, par le canal de la lecture, les ressources entrecroisées de l'histoire et de la fiction.